« J’ai regardé l’enfant dans le miroir. Un garçon torse nu, maigre, triste me faisait maintenant face. Ce garçon a enfilé les vêtements de petit-frère-sent-bon et a pris une grande réserve de respiration. Ce garçon a effleuré sa tête, piquante et dense, de sa main. J’étais d’accord pour être ce garçon. »
Déchirée par un désir d’authenticité qu’on lui a refusée depuis toujours, une enfant autiste fugue loin de chez elle : pendant tout un été, elle squattera un terrain de camping. Ne se conformant pas à ce que l’on attend d’une fille, elle décide de vivre en garçon et, puisque ses mots font mal aux autres, elle s’enferme dans le mutisme. Elle prendra le temps d’explorer qui elle pourrait être si on ne lui imposait pas de fausses limites. Hypersensible, surdouée et curieuse, elle nous dévoile son univers, sa détresse et sa perception du monde et de ceux qu’elle appelle les humains.
Méconnaissable est écrit avec une plume unique, produit d’une pensée différente. En découlent des phrases savoureuses où les métaphores abondent. L’auteure voit le monde en images, explique-t-elle. Un seul mot lui est souvent insuffisant pour décrire ses pensées avec précision, ce qui nécessite l’assemblage de plusieurs.
Isabelle Morin, LaPresse
Les phrases du roman sont d’une minutieuse précision, et il faut parfois reprendre son souffle tant on perçoit la souffrance de l’enfant. « On m’a touchée alors que ça me gruge comme des dents empoisonnées. » (…) Surtout, le récit nous ouvre à une autre logique, qui nous fait aussi sourire. Quand on s’accroche dans les fleurs du tapis, il n’y a qu’à l’arracher, non ?… Pourquoi alors ça fait hurler maman ?
Josée Boileau, Journal de Montréal